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TOUJOURS L’AFFAIRE SIXTE

et craint qu’elle ne donne lieu à une campagne pacifiste.

Lucien Le Foyer publie en effet dès maintenant dans la Vérité, et la censure laisse passer, un article intitulé : « L’Occasion perdue ». Il s’agit de l’affaire Sixte. Ribot est accusé d’avoir poursuivi la guerre inutilement. La campagne pacifiste continue et Briand l’appuie à l’aide de l’affaire Lancken. Voilà le résultat de la malheureuse incartade de Clemenceau. Il a raison comme Ribot, mais il se fâche et injurie Czernin. C’en est assez pour tout compromettre. Je signale l’article de la Vérité à Pichon en lui marquant ma surprise que la censure laisse passer de telles choses. Il me promet d’en parler à Clemenceau demain matin.


Mercredi 24 avril.

Millerand, qui vient me voir spontanément, trouve que les démarches de l’empereur Charles étaient tout à fait illusoires, et qu’il est très heureux qu’on y ait coupé court, mais il estime que Clemenceau a tort de laisser en ce moment trop de liberté à des journaux comme la Vérité et le Populaire.

Longue visite de Dalimier. Il souhaite que son parti soit débarrassé de Caillaux. Il trouve que Malvy a eu tort de me demander de déposer dans son affaire et que j’ai bien fait de refuser. Il me raconte que la dernière réunion du Comité exécutif s’est bien passée, mais qu’il était utile qu’il fût là, car un percepteur radical-socialiste nous avait mis en cause, Clemenceau, Ribot et moi, à propos de l’affaire Sixte.

Jeudi 25 avril.

À sept heures du matin, un obus tombe sur le numéro 22 de la rue Soufflot. Le toit s’effondre, les