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LA VICTOIRE

de lord Derby, l’opinion de ces deux hommes politiques et je lui ai même envoyé Métin, avec un mot où je priais le ministre de le recevoir.

Marcel Prévost vient me voir en tenue de colonel. Il croit que Barthou n’aura pas demain à l’Académie une élection très éclatante.


Jeudi 2 mai.

À l’Académie, avec Boutroux. Je suis assis entre Barrès et Loti. Ce dernier est venu voter pour Barthou, qui est élu au premier tour par vingt voix contre sept à Maurel. Sainsère, qui est allé le féliciter, a été témoin de sa joie.

Longue lutte entre Henry Bordeaux et Abel Hermant. Après plusieurs tours, aucun résultat. Élection assez difficile de Mgr Baudrillart après trois tours. Ainsi on a nommé aujourd’hui un homme politique et un évêque, et on n’a pas trouvé le moyen de se mettre d’accord sur le choix d’un homme de lettres.

Deux avocats de Nantes, Me Bachelot-Villeneuve et Me Robiou du Pont, viennent me demander la grâce de deux espions. Je la leur refuse.

M. Battifol m’apporte son livre sur l’Alsace.

M. Delatis-Famain, député du Pas-de-Calais, assez pessimiste, se plaint qu’on ait laissé les populations de ce département à la garde des Anglais et des Portugais. Je tâche de lui démontrer qu’il se trompe et de le réconforter.


Samedi 4 mai.

Avant le Comité de guerre, Clemenceau me prend à part avec Pichon dans l’embrasure d’une fenêtre du grand salon où se tient la séance et me dit : « On vous a rapporté ce qui s’est passé hier à la Commission ? — Non. Pichon vient seulement de me dire que la Commission a été houleuse et qu’elle ne s’est pas jusqu’ici mise d’accord pour