Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
LA VICTOIRE

vait Ribot et qu’il n’y avait eu aucune occasion de paix honorable. Mais j’aurais voulu que cette déclaration fût donnée aux journaux par le président du Conseil. Il y a eu malheureusement des objections de la part de Moutet et de quelques autres membres, et l’accord ne s’est pas fait. »

Panafieu, Cahen, le colonel Giraud, Alphand, tous membres de la mission relative aux prisonniers, me rendent visite à leur retour de Suisse. Je les félicite de leur zèle, mais je déclare que la ratification devant être soumise au gouvernement, je n’ai pas le droit de me prononcer sur le fond des choses. Je ne veux, ni ne puis discuter avec eux une question sur laquelle je suis en désaccord avec le président du Conseil et avec Jeanneney. Celui-ci m’a remis ce matin le dossier de la conférence. Je suis effrayé des résolutions prises et je redoute de nouveaux pièges allemands.


Lundi 6 mai.

À la fin de la journée, William Martin, chef du protocole, m’apprend que le prince Sixte est reparti aujourd’hui pour le front belge sans m’avoir demandé audience.

Pichon vient me voir avant quatre heures pour m’assister dans la réception des délégués américains qui me disent très nettement qu’ils sont « jusqu’auboutistes » et qui le disent en français.

Freycinet vient aux nouvelles, toujours l’esprit jeune et ouvert.

M. Hugelin, excellent Alsacien, qui conserve précieusement un drapeau français que je lui ai remis en 1915, me confie que Gustave Blumenthal, le frère américain de Daniel Blumenthal de Colmar, est brouillé avec celui-ci et doit être accueilli avec prudence et avec réserves. Je me le tiens pour dit.