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LA GUERRE SOUS-MARINE

L’entente est maintenant complète. Foch s’y est prêté de bonne grâce. » Clemenceau ne me donne aucun détail, mais je comprends que c’est Foch qui a cédé ou qui a transigé. « Quant à l’amalgame avec les Américains, Pershing s’y prête de plus en plus. »

En Conseil, Clemenceau indique très brièvement qu’on s’attend à être attaqué sur Béthune et sur Amiens, qu’on sera sans doute encore forcé de céder du terrain, que nos effectifs sont encore inférieurs à ceux des Allemands, mais que dans deux ou trois mois, nous « étalerons ». Ces explications sont sommaires, confuses, destinées surtout à justifier les paroles qu’il a prononcées à la Chambre sur l’infériorité de nos effectifs. Mais aucun chiffre, aucune précision.

Pichon donne des renseignements plus favorables sur les dispositions des États-Unis à l’égard de l’intervention japonaise.

Leygues fournit des informations rassurantes sur la guerre sous-marine ; les Alliés coulent par mois une quinzaine de sous-marins ennemis, plus que l’Allemagne n’en met à l’eau, et les torpillages ne cessent de diminuer. Lebrun indique que l’Allemagne vient de réduire à 180 grammes la ration de pain. Elle n’a donc pas pu tirer grand’chose de l’Ukraine.

Je reçois officiellement le nouveau ministre du Portugal, M. de Bettancourt-Rodriguez.


Jeudi 20 juin.

Dans la matinée, Ignace m’informe que Charles Humbert a demandé mon audition dans son affaire (commerce avec l’ennemi) au sujet des visites qu’il m’a faites. Je réponds que j’ai reçu plusieurs fois Charles Humbert, en tant que sénateur de la Meuse. Pour la demande qu’il fait, je prie Ignace de consulter Clemenceau. Celui-ci vient justement