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LA VICTOIRE

présidée par le président de la République, en présence des ambassadeurs. Il n’est donc pas d’usage que les présidents des Chambres parlent.

— Si, si, ils doivent parler, du moment où d’autres discours sont autorisés : un du Conseil municipal et un du ministre des Affaires étrangères.

— Dans tous les cas, où que vous prononciez votre discours, laissez-moi vous communiquer une observation qui m’est venue à l’esprit, en lisant votre projet. Peut-être vaudrait-il mieux, pour ne pas mécontenter les républicains d’Amérique, ne pas représenter Wilson, démocrate, comme un homme providentiel.

— Oh ! je le reconnais : le mot peut être mal interprété par les gens qui ne veulent pas réfléchir, mais, en tout cas, Wilson restera immortel.

— Sans doute, mais nous avons en Amérique des amis d’avant la lettre qu’il ne faut pas froisser. Pour en revenir au programme du 4, voulez-vous que je fasse venir Pams ?

— Oui, parfaitement.

Je fais téléphoner à Pams, qui arrive.

Tout en disant qu’il n’est qu’un exécutant, il expose en termes très clairs à Dubost les raisons qu’il y a de supprimer les discours en plein air le 4. Mais Dubost s’en tient à cette réponse : « Vous ne supprimez pas le discours du Conseil municipal, ni celui du ministre des Affaires étrangères. » Il invoque d’un ton solennel les droits et la dignité du Parlement.

Je réponds que personne ne songe à les méconnaître ni à y porter atteinte. Dubost réplique que Mascuraud, pour le Sénat, et Doumer, pour la Chambre, avaient pris l’initiative d’une cérémonie avec discours des présidents des Chambres, devant la statue de Washington, et qu’on ne peut écarter