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CASTELNAU À VERSAILLES

— Oui, il prétend que si Charles Humbert n’est pas arrêté, c’est parce qu’il montre partout une correspondance échangée entre lui et moi sur le matériel de guerre. Bien entendu, la justice a toute liberté.

— Sans doute, mais je ne vois pas grand intérêt pour le moment à une arrestation. Humbert est par terre, il n’y a pas à s’acharner contre lui. J’aimerais mieux qu’on arrêtât Leymarie. Il parlerait. Dans la correspondance de Marguilés, il est tout le temps appelé le chef du syndicat. Il faut tirer cela au clair. Mais je n’obtiens rien de Nail. Il se met en boule. Je voulais vous dire aussi : je vais décidément régler la question Castelnau ; il remplacera Weygand à Versailles. Weygand n’a pas très bien réussi. Foch accepte Castelnau tout en disant : « Nous nous disputerons quelquefois, mais vous nous départagerez. » Quant à Castelnau, je crois que lui aussi acceptera. Je l’ai fait pressentir par un banquier mobilisé. Du moment que Pétain ne croit pas pouvoir engager la bataille avec Castelnau, je ne puis prendre la responsabilité de le lui laisser. Lloyd George arrive ce soir. J’irai au-devant de lui. Je me mettrai à sa disposition. Il veut toujours aller directement à Versailles. Il est très combattu en ce moment. Je vous laisse un article du colonel Repington, dans le Morning Post, où il lui est reproché de ne pas faire le nécessaire pour le renforcement des effectifs anglais. »


Lettre à Clemenceau :

« Mon cher Président, le général Bliss vient de m’apporter une lettre du président Wilson, dont je vous envoie la copie. Cette réponse aurait, comme vous le verrez, laissé les choses en l’état, si le général Pershing et le général Pétain ne