Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/308

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pourra plus assurer, avant le 1er janvier, le même tonnage, étant donné surtout qu’elle est forcée de fournir du charbon à la France et à l’Italie.

« Voilà, reprend Clemenceau, je vous tiens au courant. Je m’entendrai avec Tardieu pour arranger cela. »

Puis il se met à me parler successivement d’une série de questions, toutes de personnes, car c’est malheureusement son travers de voir d’abord en tout des questions de personnes : Pétain, Mangin, Foch, Barrère, etc.

« J’ai eu à me plaindre de Boret. D’abord, il a passé huit jours à Londres avec Vilgrain et pendant ce temps-là, il y a eu des départements où le pain manquait, etc. Je ne suis pas content de Joffre. Il s’est fait représenter hier aux prières publiques ; c’est inadmissible. Quoique maréchal, il est sous mes ordres. Je suis chef de l’armée ; je vais lui envoyer un blâme, etc. »

Visite avec ma femme aux nouvelles victimes de la Bertha. Vanves, rue des Saints-Pères, hôpital Broussais, hôpital de la Charité, Aubervilliers. Il y a malheureusement des morts, notamment à Aubervilliers. Six ouvriers ont été tués dans des ateliers, où l’on produit du phosphate de chaux.

Bunau-Varilla, que je n’ai pas vu depuis le ministère Clemenceau, revient causer avec moi. Il me parle de Briand qui est, paraît-il, chez lui, à Orsay, depuis quatre mois, qui « n’intrigue pas » et « qui est même très favorable au ministère Clemenceau ».

Le cardinal Amette m’envoie la réponse qu’il a préparée pour l’archevêque de Westminster et demande l’avis du gouvernement. Je charge un officier de porter la lettre à Clemenceau, qui la trouve parfaite, mais ajoute : « Il serait correct de la soumettre à l’ambassadeur. »