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Bonin. Je lui ai dit que c’était le tour de l’Italie d’être le siège des prochaines séances du Comité, et naturellement, il s’est précipité sur cette idée. Tout va bien. Il n’y a qu’un point noir. C’est la prétention de l’Angleterre de réduire en janvier le tonnage des transports américains. Mais je crois qu’elle cherche à se faire prier et il faut faire l’impossible pour empêcher cette réduction. »


Samedi 10 août.

Hier, Clemenceau m’a dit : « Il faut que je voie Foch tous les jours. Nous nous entendons très bien. Il aime à me demander conseil. » Puis, se reprenant : « Pas sur les questions militaires. Non, mais sur les questions de bon sens. Je ne crois pas inutile de causer avec lui. »

Ce matin, longue conversation avec Barrère. Il trouve le général Diaz tout à fait au-dessous de sa tâche. Celui-ci aurait secrètement lié partie avec Nitti contre Orlando ; mais, sentant Orlando le plus fort, il se rapproche de lui. Nitti est franchement pacifiste. Barrère croit que les événements militaires de France vont avoir une heureuse répercussion en Italie. Il ajoute que si le Comité de Versailles tient sa prochaine séance en Italie, Clemenceau aura une réception enthousiaste. Bien que le président du Conseil ait été autrefois injuste envers Barrère, l’ambassadeur est nettement ministériel. Il connaît mieux que personne les partis pris de Clemenceau et sa mobilité, mais tout cela disparaît devant son patriotisme. « Si nous avions eu, dit-il, Briand aux Affaires, la paix serait faite et faite honteusement. »

Le général Dubail, grand chancelier de la Légion d’honneur, vient m’entretenir de la question de la décoration aux morts. Le Conseil de l’Ordre a décidé que la Légion d’honneur ne pouvait être conférée à des morts. Il y a eu cependant des