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adressés. Il me dit trop aimablement : « Si les choses vont bien, monsieur le président, c’est surtout à vous qu’on le doit. Vous êtes ici depuis le début de la guerre et vous n’avez jamais fléchi. Rien ne vous a découragé et vous nous avez donné à l’heure voulue, un gouvernement qui a eu raison du défaitisme. »

Il me dit ensuite qu’à son avis, les Allemands sont en plein désarroi et que leur armée n’est même plus commandée. Ils ne paraissent avoir aucun plan et se replient en combattant, mais sans directive et sans ordre. Il ne faut donc pas les lâcher ; il faut allumer partout des foyers d’incendie, élargir la bataille et la continuer sans arrêt.

Foch est d’avis que l’offensive est indispensable en Italie et à Salonique.

Pour l’Italie, il compte voir cette semaine Orlando et Diaz. Il voudrait que Clemenceau le laissât causer avec eux sans se mêler à la conversation. « Clemenceau, dit-il avec raison, porte ombrage aux Alliés ; il finit par les coaliser contre lui. Ils redoutent ses avis militaires. »

Pour Salonique, Foch voudrait qu’on préparât l’offensive le plus tôt possible, qu’on fît permuter Guillaumat et Franchet d’Espérey.


Mercredi 28 août.

M. Quinones de Léon, nommé ambassadeur d’Espagne, m’apporte officiellement ses lettres de créance. Je le reçois avec Pichon. Il m’annonce que les Allemands viennent de torpiller un bateau espagnol. Dato le lui a téléphoné tout à l’heure de Saint-Sébastien. Le Conseil des ministres va se réunir demain et Dato ne doute pas qu’on ne décide la saisie immédiate d’un navire allemand. Quinones croit donc à la rupture des relations entre son pays et l’Allemagne.