Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/340

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des déclarations très favorables à la France et considère que l’agrandissement de l’influence allemande en Russie est très dangereux pour la Suède.

Le comte Bonin vient me remercier d’être allé voir les troupes italiennes. Il me dit que pour une offensive, étant donné le nombre de divisions autrichiennes, l’Italie aurait besoin de troupes américaines, que cet appoint serait nécessaire, même au point de vue politique et moral, qu’en outre, il faudrait des tanks, etc., etc. Je tâche de le convaincre de l’intérêt qu’ont tous les Alliés et particulièrement l’Italie, à ce que le front italien ne reste pas inactif. Il en convient, mais il insiste sur la prétendue insuffisance des moyens.


Vendredi 30 août.

Vers quatre heures, Clemenceau vient me rapporter sa conversation avec le général Diaz. « C’est, dit-il, un homme qui ne veut pas se battre. Il prétend que les Autrichiens sont des lions, qu’on ne peut pas prendre l’offensive contre eux en Italie, que les Bulgares, eux aussi, sont très redoutables et qu’il serait dangereux de les attaquer à Salonique. Il trouve qu’il était nécessaire d’abandonner Berat et il a donné à Ferrero le conseil de se replier. Il m’a demandé des tanks. Je lui ai répondu que nous en avions perdu beaucoup, ce qui est malheureusement vrai, et il n’a plus insisté. Il n’a aucune envie de se battre. Je lui avais conseillé de voir Guillaumat au sujet de Salonique. Il m’a répondu qu’il n’avait pas le temps. Son parti est évidemment pris. »

Je réponds à Clemenceau qu’à mon avis, il faut néanmoins le presser d’agir.

« Foch essaiera, me dit-il, c’est son affaire. Le général Diaz croit que la guerre se fait par la