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LA RÉFORME ÉLECTORALE

à la discussion. Je poserai la question de confiance. On me renverra si l’on veut. — Mais, dit Henri Simon, je croyais, au contraire, que cette Chambre devait préparer un nouveau régime pour la suivante. — Je ne resterais pas une heure au pouvoir, si le Conseil était de votre avis. »

Je fais remarquer que peut-être le gouvernement devrait se borner à dire que la question ne doit pas être abordée avant la paix. La Chambre risquerait de diminuer son autorité en la discutant. Clemenceau saisit cette idée avec empressement et prie Pams de s’entendre avec moi sur la réponse à faire. Il quitte même sa place pour venir me dire à l’oreille : « Faites venir Pams et donnez-lui des conseils pour la rédaction de la réponse à la Commission. »

Puis Clemenceau me parle de l’affaire de Salonique, « Cela, me dit-il, va très bien, et même trop bien, en ce sens que je crains qu’on ne se laisse entraîner. Je n’ai attaqué, vous le savez, qu’avec la pensée de faire ensuite revenir en France une partie de nos troupes. Si l’on veut maintenant marcher sur Sofia, je ne pourrai pas reprendre des troupes ; et c’est ici, ce n’est pas là-bas que la guerre se décidera.

— Sans doute, dis-je, mais les succès de Salonique ont eux aussi une grande importance. Importance militaire et morale.

— Je n’en disconviens pas ; mais j’ai besoin de compléter mes effectifs en France.

— C’est une question de mesure. Les hommes ne manquent pas en France grâce aux Américains.

— Ils ne peuvent rien sans nous. C’est nous qui leur avons monté toute l’affaire de Saint-Mihiel.

— Oui, ils ont besoin de nos états-majors, mais non de nos hommes. Je ne crois pas, d’ailleurs, qu’il soit facile d’aller à Sofia. Mais comment