Barthou, mis par lui au courant de toutes les questions diplomatiques et militaires, racontait des faits que je croyais être seul à tenir de Clemenceau.
— Vous devriez le voir, reprend Pichon, pour dissiper ce malentendu.
— Je le verrai, s’il vient, mais il ne me plaît pas de paraître me disculper. Je suis sûr de n’avoir commis aucune faute. Je n’ai pas à prendre la posture d’un homme qui s’excuse.
— Bien entendu, mais il ne faut pas qu’il donne sa démission.
— Il ne la donnera pas ; il se ferait passer pour fou. Mais je ne veux pas déplacer les rôles. Que voulez-vous ? Il est d’une versatilité extraordinaire. Je ne sais s’il y a quelqu’un qui cherche à l’exciter.
— Non, non.
— Eh bien, dites-lui que vous m’avez fait part de votre conversation avec lui et que je suis indigné, voilà tout.
— Je vais le voir, mais vous devriez l’appeler.
— Je le verrai, s’il vient, et je lui dirai ma façon de penser. Mais je ne sais rien que par vous, c’est à vous de lui faire d’abord connaître ma réponse. »
Mme Abel Ferry vient me remercier de m’être rendu aux obsèques de son mari. Elle me dit qu’avant de mourir, il a parlé de moi en termes reconnaissants. Il a entrevu la victoire et s’est écrié : « Je l’aime, je l’aime, notre France. Il faut qu’une fois victorieuse, elle obtienne pour l’avenir toutes les garanties nécessaires. »
Vendredi 27 septembre.
Clemenceau m’envoie ce matin le général Alby qui me dit qu’après réflexion, le président du Conseil a renoncé hier à nommer Guillaumat général en chef de l’armée d’Orient. Il se propose de