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L’AVANCE EN BELGIQUE

ans. Les journaux célèbrent cet anniversaire. L’Action française, qui a tant maltraité le Tigre, s’associe elle-même à ce chœur d’éloges. Elle dit que sans lui, Caillaux serait président du Conseil. J’adresse, moi aussi, mes félicitations à Clemenceau. Il me remercie aussitôt.

À la fin de la matinée, il m’envoie le général Alby qui m’apporte : 1o le projet remanié de la mission Guillaumat ; 2o le projet des instructions à lui donner. Il ne s’agit plus du tout de limiter l’action de l’armée d’Orient. Bien au contraire. Si l’armistice n’est pas demandé (et l’Allemagne fait déjà dire que Ferdinand désavoue sa démarche), ordre sera donné d’exploiter le succès et de marcher si possible sur Sofia. Je réponds à Alby que ces instructions me conviennent beaucoup mieux que les premières ; elles seront prochainement communiquées au Comité de guerre.

Challe m’informe que le maréchal Foch est extrêmement satisfait de la journée d’hier et des opérations de ce matin. Cela va très bien en Belgique. L’armée Degoutte est derrière les Belges avec cinq divisions et de la cavalerie. Elle va pouvoir « donner ». Les objectifs sont en direction du Nord et de la frontière hollandaise ; on espère les atteindre. On couperait ainsi les Allemands de la mer du Nord et on donnerait la main aux nombreux Belges réfugiés en Hollande. Les bases de sous-marins ennemis se trouveraient détruites dans la mer du Nord. L’impression générale du maréchal Foch est excellente. Les Allemands paraissent en désarroi.

Il y a cependant encore des points noirs. L’attaque américaine a mal progressé hier, à cause du grand désordre dans les états-majors. Les Américains se groupaient imprudemment sous le canon et n’arrivaient pas à avancer leur artillerie. D’autre part, ils soignent mal les chevaux et en