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LA VICTOIRE

tiques sur les importations respectives des diverses denrées dans les pays alliés et sur la répartition à faire du tonnage.

Challe me dit que Foch est de plus en plus satisfait et croit l’armée allemande très ébranlée. Pourvu qu’il ne la sous-estime pas maintenant !

Contrairement à ce que Challe m’avait indiqué, les objectifs donnés en Flandre ne sont pas Bruges et la frontière hollandaise, mais l’Est par Roulers. Foch espère arriver de ce côté en terrain libre. La 7e division française monte vers les Flandres.


Mercredi 2 octobre.

Dans la matinée, je fais remettre à Pichon par William Martin des projets de télégrammes de félicitations et de vœux pour le roi Pierre de Serbie et pour le roi de Grèce à propos de la reddition des Bulgares.

Je confère longuement avec le général Alby que m’a envoyé Clemenceau. Il m’apporte le projet d’instructions destiné au général Berthelot. Je le lis et fais à Alby les remarques que voici :

1o Il ne faudrait pas envisager la possibilité d’une paix séparée avec la Turquie. Il faudrait ne parler que d’armistice, la question de la paix échappant à l’autorité du commandement militaire. Alby reconnaît la justesse de l’observation et fera la correction ;

2o Je constate avec satisfaction qu’il n’est pas question de réduire le nombre des unités franco-britanniques en Orient. Mais comme on envisage l’impossibilité d’entretenir leurs effectifs et comme le théâtre ouvert par la capitulation bulgare est de la plus haute importance, on pourrait songer à y faire envoyer des divisions américaines. Le général Alby me répond qu’il est de cet avis. Il croit que par la vieille Serbie et le Danube la marche sur la Hongrie serait beaucoup plus facile