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VISITE DU ROI DES BELGES

en auto à cinq heures et demie et il repart à huit heures, pour Menton, où se trouve la reine. De là, il ira visiter le front italien, ce que l’affaire de Caporetto l’a empêché de faire plus tôt. Le plus jeune prince de Belgique a eu une forte angine ; la reine a été longtemps souffrante. Lui-même, le roi, a besoin de repos ; il restera plusieurs jours dans le Midi. Il est inquiet des répercussions de la révolution russe sur les autres pays et notamment sur la Belgique. Il redoute aussi le travail que font les Allemands sur les Flandres en Belgique envahie et se plaint que les Anglais abusent des bombardements sur Anvers et autres villes belges occupées. Il se demande si les Allemands vont réellement prendre l’offensive, tous les essais d’offensive ayant été jusqu’ici infructueux et coûteux pour l’assaillant.

Je lui remets pour la reine la médaille de la Reconnaissance publique.

Il croit que la guerre ne se terminera pas cette année. Il a cependant l’impression que l’armée allemande a beaucoup perdu de ses qualités offensives.


Dimanche 3 février.

Aucune nouvelle de Clemenceau, ni du Comité de Versailles, ni des résolutions prises. Aucune nouvelle de Thomas, ni, à plus forte raison, de Renaudel, qui continue sa campagne contre Clemenceau.

À sept heures et demie du soir, Clemenceau vient et s’excuse aimablement de ne m’avoir pas encore renseigné sur ce qui s’est passé à Versailles. Trois questions ont été discutées. Lloyd George a, sur la première (opération en Asie) prononcé un long discours où il a exposé la nécessité de marcher sur Alep et de battre les Turcs pour les détacher de la coalition ennemie. Il proposait