ne l’étais pas, on n’en finirait jamais. Il faut un président qui dise : « Nous sommes tous d’accord, n’est-ce pas ? » Eh bien ! j’ai été ce président-là. Je n’ai pas l’habitude de me faire valoir, mais encore une fois, j’ai été ce président-là.
— Mais si Wilson vient ? demandai-je.
— Eh bien ! si Wilson vient, je préside quand même.
— Mais il est chef d’État !
— Oui, mais ce n’est pas comme chef d’État qu’il viendra, c’est comme chef de gouvernement. Je n’ai aucun amour-propre personnel ; les questions de protocole me sont indifférentes, mais dans une réunion de ce genre, je représente la France ; je ne céderai la préséance à personne. Si Wilson vient, on lui fera une ovation ; mais il ne présidera pas.
— Alors, mieux vaudrait peut-être que la conférence ne se tînt pas en France.
— La France ne le pardonnerait pas. À la rigueur, cela pourrait être en Angleterre et alors je céderais la présidence à Lloyd George qui serait un très bon président.
— La France comprendrait mieux Bruxelles que Londres. Mais pourquoi pas une ville d’Allemagne ? »
Il réfléchit un instant et répond : « Ah ! cela, c’est une idée. Peut-être. Oui, mais il ne faut pas en parler. Je garderai cela et je le sortirai brusquement, si je vois que les choses ne vont pas. »
Il dit ensuite que Foch voudrait recevoir les parlementaires à Laon, mais qu’à raison des difficultés de communication, il les recevra en un point qu’il n’a pas encore précisé. Il ajoute : « Je lui ai dit que, s’il avait besoin de moi, il me fasse signe et que je viendrais causer avec lui à mi-chemin. »
À déjeuner, le colonel et Mme House, Mlle Margaret Wilson, les ambassadeurs des États-Unis,