Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 10, 1933.djvu/426

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
415
EFFUSIONS

que je parle dimanche prochain, à la fête parisienne d’Alsace-Lorraine.

Mercredi 13 novembre.

Sainsère ne cesse de se lamenter sur l’injustice et l’oubli dont, suivant lui, je suis victime. Il a échangé à ce sujet avec Duparge des propos mélancoliques. Clemenceau se promenant sur les boulevards, entre ses deux filles, a failli être étouffé par la foule délirante.

Adolphe Carnot, Barthou, Delpeuch, Pallu de La Barrière font une démarche aimable et bien intentionnée pour me remercier du concours que j’ai apporté à la défense nationale. Ils me donnent à entendre qu’ils veulent un peu corriger l’indifférence de la presse et de l’opinion.

Ce qui me fait le plus de plaisir c’est que le général Gouraud vient me voir. Je l’embrasse.

De même Freycinet, que j’embrasse aussi. Il me confie que c’est un gros souci pour lui de penser que Wilson va venir et que Clemenceau ne croit pas devoir lui laisser la présidence.

Deschanel vient, lui aussi, m’embrasser avec effusion. Que de baisers !

Jeudi 14 novembre.

Conseil des ministres. Clemenceau, qui a reçu comme moi une invitation du cardinal de Paris pour un Te Deum de dimanche, dit qu’il est impossible que nous nous y fassions représenter. J’objecte que, le même jour, nous nous ferons représenter au Te Deum belge à Paris et que la différence est bien subtile. Puis, tout à coup, Clemenceau, qui ne m’avait averti de rien, parle de notre projet de voyage à Metz et à Strasbourg. Hier, Jeanneney m’avait dit, d’un air embarrassé : « Le Président vous verra au sujet du voyage ; il trouve des difficultés à le faire maintenant. »