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LA VICTOIRE

collègues, à peu près dans les mêmes termes qu’il me l’a fait, les délibérations de Versailles. Il parle avec la même liberté de la légèreté et de la mobilité de Lloyd George, ainsi que des exigences de Pétain. Il se félicite de la combinaison qui met Foch à la présidence du Comité de Versailles.

Pichon lit quelques télégrammes de Russie et de Roumanie, sans appeler le Conseil à délibérer sur rien. De plus en plus, les affaires étrangères sont traitées dans le cabinet de Clemenceau par lui et par Pichon, qui croit devoir obéir toujours à son chef.

Pichon indique qu’il a reçu Renaudel, qui est venu lui demander un passeport pour un député socialiste belge, qui a pris part à des réunions socialistes en Angleterre et dont l’attitude est beaucoup moins patriotique que celle de Vandervelde. Pichon est cependant d’avis qu’on ne peut pas refuser. À cette occasion, Clemenceau déclare qu’il a, lui aussi, reçu des socialistes, Bracke et Cachin, à propos des comptes rendus de mandat. Clemenceau a maintenu l’interdiction des réunions publiques, mais il a autorisé les réunions privées, même politiques, ce qui n’avait pas eu lieu sous Malvy. Le paradoxe continue.

Pichon, qui m’a dit avant la séance avoir sur ce point cédé à Clemenceau, explique qu’il a décidé de remplacer Beau par Dutasta. Beau serait nommé un jour ou l’autre à la tête de je ne sais quelle commission chargée de régler les transports entre la France et la Suisse.

« À propos, fait Clemenceau, j’ai un autre changement à vous annoncer. Après la fuite éperdue de Justin Godart, j’ai dû chercher un autre sous-secrétaire d’État à la Santé. J’ai pensé à M. Mourier, député du Gard. Je ne le connaissais pas, mais on me l’a présenté ; il me paraît bien, je vous le propose. »

Les journaux avaient annoncé dès ce matin la