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LE ROI ET LA REINE DES BELGES À PARIS

vice de propagande, est d’avis que nous avons « saboté » la victoire, que l’armistice a été une faute, que l’Allemagne ne se croit pas battue et qu’elle reste très dangereuse.


Mercredi 4 décembre.

M. Raimondo, député au parlement italien, sorte de Briand plus barbu et plus méridional, intelligent et fin, me parle avec vivacité des socialistes italiens. Il me rapporte que Salandra aurait dit récemment en public : « Je peux bien dire maintenant que si la guerre n’avait pas été déclarée par nous, le roi aurait abdiqué. »

Mon ami André Hallays revient enthousiaste de Strasbourg. Que n’ai-je la même liberté que lui !


Jeudi 5 décembre.

Le roi et la reine des Belges arrivent à Paris, par la gare du Bois de Boulogne, avec le duc de Brabant. Foule immense ; enthousiasme magnifique.

Par une attention délicate, le roi va rendre visite à Clemenceau au ministère de la Guerre. Le Tigre en est tout adouci ; il est tout miel et fait patte de velours. Il faut l’entendre répéter : « Votre Majesté ». Le soir, pendant tout le dîner de l’Élysée, il cause joyeusement avec ses voisins, que j’entends rire de ses bons mots. Il y a, à ce dîner, deux cent quarante couverts. Pour la première fois depuis bien longtemps, les invités sont venus en toilette de soirée.

Après dîner, Lemery me confirme sa démission.


Vendredi 6 décembre.

Pams, loyal exécuteur des désirs de Clemenceau, envoie des instructions aux préfets pour la réfection des listes électorales.