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LE PRÉSIDENT WILSON À L’ÉLYSÉE

« Monsieur le Président,

« Paris et la France vous attendaient avec impatience. Ils avaient hâte d’acclamer en vous l’illustre démocrate dont une pensée supérieure inspire la parole et l’action, le philosophe qui aime à dégager des événements particuliers des lois universelles, l’homme d’État éminent qui a trouvé, pour exprimer les plus hautes vérités politiques et morales, des formules frappées au coin de l’immortalité.

« Ils avaient aussi le désir passionné de remercier, en votre personne, la grande République dont vous êtes le chef, pour le concours inappréciable qu’elle a spontanément donné, dans cette guerre, aux défenseurs du droit et de la liberté.

« Avant même que l’Amérique eût pris le parti d’intervenir dans la lutte, elle avait témoigné aux blessés, aux veuves, aux orphelins de France une sollicitude et une générosité dont le souvenir ne s’effacera jamais dans nos cœurs. Les libéralités de votre Croix-Rouge, les innombrables souscriptions de vos concitoyens, les touchantes initiatives des femmes américaines ont devancé votre action navale et militaire et montré peu à peu au monde de quel côté se tournaient vos sympathies. Et le jour où vous vous êtes jetés en pleine bataille, avec quelle volonté votre grand peuple et vous n’avez-vous pas préparé notre succès commun !

« Vous me télégraphiiez il y a quelques mois que les États-Unis enverraient en Europe des forces croissantes jusqu’à ce que les armées alliées fussent en mesure de submerger l’ennemi sous un flot débordant de divisions nouvelles. Et, en effet, un courant continu de jeunesse est venu, pendant plus d’une année, se déverser sur le sol de France.