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LA VICTOIRE

conditions de justice et toutes les chances de durée que nous serons capables d’y introduire. C’est à cette tâche immense et magnifique que vous avez voulu, monsieur le Président, venir vous-même travailler avec la France. La France vous remercie. Elle connaît l’amitié de l’Amérique. Elle connaît la droiture et l’élévation de votre esprit. C’est en pleine confiance qu’elle s’apprête à collaborer avec vous.

« Je lève mon verre, monsieur le Président, en votre honneur et en l’honneur de Mme Wilson.

« Je bois à la prospérité de la République des États-Unis, notre grande amie d’hier et d’autrefois de demain et de toujours. »

Clemenceau et Deschanel me félicitent vivement de ce petit discours.

C’est mon 11e bataillon de chasseurs qui rend les honneurs à l’Élysée. J’ai invité le commandant et les capitaines à déjeuner.

Après le repas, j’ai fait réunir les chasseurs dans la cour ; je leur ai adressé quelques mots. Puis ils ont tous défilé sous la véranda et nous leur offrons du champagne, en trinquant avec eux tous successivement.


Dimanche 15 décembre.

J’ai laissé passer huit jours depuis ce voyage de rêve en Alsace. Je n’avais pas une minute, j’étais accablé de travail. Impossible de jeter une note sur le papier. En outre, mes impressions avaient été si profondes, si intenses, si ardentes que mon esprit en était confus et troublé. Et maintenant encore, je ne sais si je vais pouvoir me rappeler avec quelque clarté ce que j’ai ressenti. Nous sommes partis samedi soir par la gare de l’Est. Finalement voici comment les choses avaient été arrangées. Une première série de trains avaient