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LA VISITE DU ROI D’ITALIE

vives acclamations. J’avais fait envoyer, d’avance, le texte à Jusserand qui l’avait traduit pour Wilson. Le président des États-Unis s’est associé aux applaudissements de l’auditoire.

Réponse enflammée de Richepin.

Mme Wilson est avec ma femme dans la loge présidentielle. Je les fais prévenir.

Nous repartons précipitamment Mme Poincaré et moi pour l’Élysée, et de là nous allons à la porte Dauphine, pour l’arrivée du roi d’Italie. Pendant que nous faisons ce trajet en auto, il pleut à torrents. Mais, par chance, l’averse cesse au moment même où le roi pénètre en gare et nous pouvons monter en voiture découverte.

Le roi est toujours aussi simple, aussi timide, mais aimable, bien intentionné et intelligent.

L’accueil qui lui est fait par la foule est chaleureux. Je conduis le roi au ministère des Affaires étrangères, avec le jeune prince de Piémont, qui l’accompagne. Ils viennent bientôt après me rendre visite à l’Élysée. Le jeune prince a quinze ans ; il est élégant, élancé, bien découplé, beaux yeux noirs.

Longue visite du roi qui parle aimablement de choses et d’autres. Il m’a fait communiquer son toast en arrivant. Il est irréprochable, prudent sur les questions de l’Adriatique et très aimable pour la France. Le soir, dîner à l’Élysée, en l’honneur du roi. Il me parle avec insistance de l’amitié franco-italienne et j’appuie sur le même sujet.

Après le dîner, je dis en plaisantant à Sonnino : « Vous qui avez une si belle bibliothèque dantesque, vous ne m’aviez pas avoué que vous aviez une édition corrigée.

— Comment ? Laquelle ?

— Une édition où il manque deux vers sur le Quarnero. »

Il se trouble un peu, rit, puis : « Oh ! oui, je vous