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LE PRÉSIDENT WILSON À LA SORBONNE

Wilson comme docteur honoris causa. Dans le grand amphithéâtre, rempli de robes jaunes, rouges, noires, violettes. Discours d’Alfred Croiset, de mon frère Lucien et de Wilson. Ce dernier parle sans lire ; il oppose les deux cultures, les deux méthodes de guerre, dit un mot de la Ligue des Nations. Vigoureux applaudissements. Lucien obtient un succès très mérité. Mais je le trouve bien pâle et il m’inquiète.

À notre sortie de la Sorbonne, les étudiants font une longue ovation à Wilson.


Dimanche 22 décembre.

Cet après-midi, dans notre salle des Fêtes à l’Élysée, nous donnons au personnel de la maison une représentation cinématographique de l’entrée des troupes en Alsace et en Lorraine et de nos voyages à Strasbourg et à Metz.


Lundi 23 décembre.

Antonesco me remet ses lettres de créance. Il voudrait que la Roumanie fût traitée comme alliée ; mais Clemenceau lui a répondu : « Non, non ; le passé est le passé ; mais il est irréparable. »


Mardi 24 décembre.

Conseil des ministres. Clemenceau, souffrant, dit-il, de coliques hépatiques, suit, les paupières closes et l’oreille distraite, les observations échangées entre ses collègues. Il me fait signer un décret transférant les services du blocus aux Affaires étrangères. Lebrun, de plus en plus dépouillé, garde les Régions libérées, mais avec Loucheur qui est chargé de la reconstitution industrielle. Clemenceau indique d’un mot que Franchet d’Esperey ne peut disposer que de treize cents hommes pour la Syrie « mais, ajoute-t-il, c’est un commencement et cela prouvera que nous ne nous désin-