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ENVOI DE TROUPES EN SYRIE


Dimanche 29 décembre.

Margerie a appris par Dutasta que celui-ci était déjà choisi comme premier négociateur à la Conférence. Berthelot qui comptait sur cette mission et qui l’aurait assurément remplie avec plus de compétence, n’est pas très satisfait. Mais il a réussi à faire éliminer par Pichon Margerie de la direction politique des Affaires étrangères. Pichon a littéralement forcé Margerie à accepter Bruxelles en lui promettant qu’il resterait à ce poste quand il deviendrait une ambassade et qu’il aurait la plaque de grand officier de la Légion d’honneur. Margerie, très affligé de cette combinaison, prétend que Philippe Berthelot et son frère André sont maîtres du Quai d’Orsay.


Lundi 30 décembre.

Pichon me confirme que Dutasta sera le premier auxiliaire de Clemenceau et de lui-même à la Conférence. Je lui parle de Margerie, qui se trouve par le fait un peu sacrifié, de William Martin, qui se plaint également, et je le prie de m’envoyer les documents préparés pour la Conférence. J’insiste aussi pour qu’un plus grand nombre de troupes soient envoyées en Syrie, où il ne faut pas donner une impression de faiblesse. Il me promet de s’y employer.

Le général Pénelon me présente les nouveaux officiers de la maison militaire.

Je parle à Clemenceau de l’utilité qu’il y aurait à avoir auprès de lui un ministre de la Guerre. Il me répond : « Non, je donnerais des armes à mes adversaires, si j’avais l’air de n’être pas de taille à porter la double charge. »

Le soir, nous donnons un dîner amical aux officiers de l’ancienne maison militaire et à leurs femmes, avec M. et Mme Olivier Sainsère.