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SUCCÈS DE CLEMENCEAU À LA CHAMBRE

préfet de Police, ont trouvé moyen de venir de leur côté et d’être prêts à me recevoir. La maison touchée s’est complètement écroulée. Les survivants se sont massés dans une cave voisine, et leur moral paraît excellent. Je les encourage de mon mieux ; ils me remercient avec effusion.

Au moment où je rentre à l’Élysée, sonne la fin de l’alerte.

Je félicite Clemenceau de son grand succès d’hier à la Chambre.

Dans l’après-midi du 9 mars, avec Mme Poincaré, nouvelles visites aux victimes du bombardement. Temps ensoleillé. Partout, la foule est dense et l’accueil chaleureux.


Dimanche 10 mars.

M. Barker, ministre de la Guerre des États-Unis, vient me voir avec M. Sharp, le nouvel ambassadeur. M. Sharp est un homme d’une cinquantaine d’années, l’air jeune et sérieux. D’accord avec Clemenceau, je lui dis que si Wilson venait en France voir les troupes américaines, la population française lui ferait assurément un accueil enthousiaste.


Lundi 11 mars.

Clemenceau arrive à midi et demi pendant mon déjeuner. « Je m’excuse, me dit-il, de vous avoir fait descendre. Indiquez-moi l’heure à laquelle vous déjeunez, pour que je ne vous dérange plus. — Vous ne me dérangez pas le moins du monde. À quelque heure que ce soit, je suis à votre disposition. — Je vous apporte mes impressions du front. Elles sont toujours bonnes. J’ai vu beaucoup d’aviateurs, ils sont merveilleux. Mais Pétain est toujours le même. Hier, en causant avec le général Duchesne, il disait encore : « Si seulement nous pouvions avoir les gaz, nous