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LA VICTOIRE

un accord tacite pour éviter que Paris fût bombardé. »

Le plus piquant, c’est qu’il finit par le croire.


Samedi 16 mars.

Loucheur, qui revient de Londres, m’apprend que les Anglais restent partisans des représailles contre les raids aériens et qu’il est du même avis. Il va, à toutes fins utiles, activer la fabrication des avions de bombardement.

Dubost, très pessimiste, voit déjà les Allemands battant les Italiens et venant nous attaquer par les Alpes. Il parle de paix désastreuse, de l’annexion de Briey et de Belfort, d’indemnité formidable. Si celui-là aussi fléchit, c’est bien mauvais signe. Il ne comprend pas du reste plus que moi comment Clemenceau se montre si faible 1o sur la question des prisonniers, 2o sur celle des représailles aériennes, 3o à l’égard des journaux pacifistes. Dubost oppose toujours Micheler à Pétain.

Le général Goullet, qui revient de l’A.O.F. où il commandait, m’assure qu’on recrutera sans difficulté cette année 50 000 indigènes.


Dimanche 17 mars.

Le capitaine Ladoux m’écrit qu’il s’est vainement adressé au président du Conseil pour demander l’autorisation de répondre à certaines attaques des journaux et il en appelle à moi. D’accord avec Ignace, qui vient me voir, je lui fais simplement accuser réception de sa lettre par le général Duparge et l’informe que je la transmets au président du Conseil.

Le colonel Goubet, appelé comme témoin devant un commissaire aux délégations, a confirmé moins nettement le rapport qu’il avait adressé à Ignace au sujet de Ladoux. Celui-ci prétend, dans la lettre qu’il m’a écrite, qu’il avait signalé