Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/104

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une fois de plus, combien peu la Roumanie est disposée à suivre dès maintenant M. Sazonoff. M. Bratiano a dit au ministre de Russie, qui le pressait trop vivement : « Si votre gouvernement insistait pour avoir aujourd’hui une réponse par oui ou par non, cette réponse serait : non. Attendez, au moins, pour me demander notre décision définitive, que le ministre de Roumanie soit arrivé à Pétersbourg48. »

D’autre part, M. Paul Cambon, admirablement renseigné sur les choses d’Orient, nous répète qu’à son avis, les démarches de la Triple-Entente à Constantinople n’influenceront guère la Turquie et que seuls les événements militaires fixeront l’attitude de cette puissance, accoutumée au respect de la force. Elle usera de moyens dilatoires tant qu’elle doutera de la victoire allemande et se décidera contre nous, dès qu’à tort ou à raison, elle sera convaincue de notre défaite. Il convient donc de ne pas presser les pourparlers et de combattre49.

Mais partout continue, acharnée, la propagande berlinoise. M. Jules Cambon, qui, après toutes les péripéties d’un retour odieusement contrarié, vient d’arriver à Christiania, nous télégraphie de Norvège50 : « Je suis frappé de la quantité de nouvelles fausses qui sont répandues ici comme à Copenhague par les soins de la légation d’Allemagne et de la difficulté qu’éprouvent nos agents à les faire démentir. » Sur le conseil même de M. Jules Cambon, le gouvernement me soumet un décret qui ouvre, au ministère des Affaires étrangères,