Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/106

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lourde, et le général Leman, blessé au milieu des décombres, est fait prisonnier. La cavalerie allemande a franchi la Meuse ; des obus sont tombés sur la jolie ville de Dinant ; des patrouilles se sont approchées de notre Givet. Un engagement a eu lieu, aux environs de Jarny et de Conflans, entre nos troupes et un détachement ennemi. Longuyon est fortement occupé par les Allemands. Dans les Vosges, nous tenons toujours le Donon, la trouée de Saales et la haute vallée de la Fecht jusqu’à Munster.

Et en Russie ? D’après M. Paléologue51, l’Angleterre a eu tort de supposer que le gouvernement du tsar pourrait conserver une partie de ses troupes pour agir éventuellement contre la Turquie. Tout au contraire, la Russie comprend à merveille qu’elle doit porter immédiatement son effort principal contre l’Allemagne. Elle met tout de suite en ligne de ce côté quatre armées composées de quinze corps et contre l’Autriche, trois armées composées de douze corps. Quant à l’Allemagne, suivant les informations de notre ministre de la Guerre, elle a concentré contre la Russie cinq corps d’armée d’active et onze corps d’armée de réserve. À l’est comme à l’ouest, le choc va donc être terrible. Pour soutenir l’élan de nos officiers et de nos soldats, le gouvernement a décidé la création d’une petite feuille quotidienne, réservée aux combattants et intitulée : Bulletin des armées de la République. L’objet en est défini dans deux lettres qui paraissent aujourd’hui en tête du premier numéro, l’une de M. Messimy, l’autre de M. Viviani. Nos troupes n’ont, à vrai dire, besoin d’aucun encouragement.