Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/108

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du tsar ! Sous ce sceptre, renaîtra la Pologne, libre dans sa foi, dans son langage, dans son administration intérieure… »

Une fois de plus, voilà une démarche que la Russie a faite en dehors de nous. Si elle offrait d’aider à la résurrection d’une Pologne reconstituée tout entière dans sa pleine souveraineté, nous n’aurions qu’à nous en féliciter et nous ferions des vœux pour la réalisation de ce beau rêve. Si elle s’engageait à doter d’une autonomie relative la Pologne russe, rien de mieux encore. Une promesse de demi-indépendance, même sous le sceptre du tsar, serait sans doute la bienvenue et pourrait apparaître comme une réparation. Mais offrir aux Polonais de Silésie, de Posnanie, de Galicie, des libertés de religion, de langue et d’administration, sous l’autorité impériale d’un Romanof, il n’est guère probable que ce soit prendre le chemin de leur cœur ; et en tout cas, c’est annoncer à l’Allemagne des annexions déguisées sur lesquelles aucun accord n’a été conclu entre la Russie et nous, qui peuvent fausser complètement le sens d’une guerre défensive et qui risquent de nuire aux restitutions que la France a le droit et la volonté de réclamer.

Je me demande si le gouvernement russe ne commet pas une autre maladresse en écartant comme irréalisable l’idée de sir Ed. Grey sur une fédération neutre de la Grèce, de la Bulgarie et de la Roumanie54. C’était là, dans la pensée du secrétaire d’État britannique, un moyen d’immobiliser la Bulgarie. Le détour ne manquait pas d’habileté. M. Sazonoff n’en repousse pas moins