Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/133

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des mesures à prendre pour réorganiser dans le pays la vie économique, profondément troublée par la mobilisation. Dès demain, les trains de messageries se remettront à circuler sur tous les réseaux, hormis celui de l’Est, qui se doit tout entier aux mouvements des troupes. M. Viviani a de longues conférences avec M. Noulens, ministre des Finances, avec M. Pallain, gouverneur de la Banque de France et avec les directeurs des établissements de crédit, en vue de desserrer le moratorium et d’améliorer les conditions de l’escompte. Il est urgent d’aboutir, si l’on veut éviter des catastrophes. Au Conseil des ministres de l’après-midi M. Noulens nous informe que les banques ODt enfin promis de remettre immédiatement à leur clientèle de déposants un appoint de 10 pour 100, en sus des 5 pour 100 qu’a prévus le moratorium. Elles continueront en outre à verser, sur justifications, aux mêmes intéressés, les sommes qu’ils s’engageront à employer en achats de matières premières. De son côté, l’État fera des avances aux caisses municipales de chômage. Des ordres sont donnés à M. Delanney, préfet de la Seine, pour que soient rouverts le plus tôt possible un certain nombre de chantiers de travaux publics. La guerre commence à dévorer la substance du pays. Sans le cours forcé, sans les avances de l’Institut d’émission, sans les expédients et les palliatifs auxquels le gouvernement est forcé de recourir, la crise latente apparaîtrait déjà à tous les yeux. Il faudra bien cependant qu’elle reste sourde et souterraine, jusqu’à ce que l’ennemi ait quitté le territoire et que la France soit sauvée.

Au dehors la propagande allemande ne se ralentit