Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/150

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sur la retraite de Lorraine et j’avais exprimé la crainte qu’elle ne fût exploitée chez les neutres par les Allemands avant que nous fussions nous-mêmes renseignés. C’est ce qui est arrivé. Nous recevons de M. Barrère, de M. Bompard, de M. Allizé, qui vient de remplacer à La Haye M. Marcelin Pellet, des télégrammes où ils nous apprennent38 que, d’après les communiqués de l’état-major allemand, huit corps d’armée français sont « en fuite » entre Metz et les Vosges, laissant aux mains des Allemands dix mille prisonniers et cinquante canons. J’entends bien que si le grand quartier général ne renseigne pas davantage le pouvoir civil, c’est parce qu’il redoute un peu les paniques de l’arrière, mais il n’en est pas moins intolérable que nous soyons réduits à ignorer le véritable résultat des batailles où se joue le sort de la France. Je prie M. Messimy de dire au commandement que j’exige des renseignements réguliers et complets. Il me promet de les réclamer, pour moi comme pour lui. Le bulletin de ce matin est encore à peu près muet sur l’affaire de Lorraine. Mais le capitaine Rochard, qui fait la liaison avec le quartier général, m’annonce que le général Joffre va nous envoyer des détails complémentaires. Vers midi, le ministre me fait porter, par un officier d’artillerie qui arrive de la frontière de l’Est, le résumé suivant d’une communication téléphonique du général Joffre : « Nos forces ont tenté de déboucher de la Seille le 20 août. Elles se sont heurtées à des positions fortifiées et ont été l’objet d’une contre-attaque violente de l’ennemi. Celles qui débouchaient entre Mitersheim et Marsal