Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des armées allemandes, notamment l’avance de von Klück au sud de la Demer, on a tout fait pour hâter l’attaque. Par malheur, l’armée britannique n’était pas prête. Par un scrupule de loyauté, le maréchal French n’avait pas osé, d’abord, promettre qu’elle serait en ligne avant le 25 ; on avait ensuite espéré qu’elle pourrait marcher le 20 ou le 21 ; mais c’est seulement hier 22 que sir John a été en mesure de donner, pour aujourd’hui, l’ordre d’attaquer. Or, le bombardement de Namur a commencé avant-hier 21 à dix heures du matin. Le général Lanrezac savait qu’une autre armée allemande accourait, par le sud de Namur et de Huy, pour s’élancer sur Dinant et sur Givet. Deux de nos corps, le Xe et le IIIe, se trouvaient en flèche. Il a jugé périlleux de laisser son armée inactive et il lui a donné l’ordre de déboucher, dans l’après-midi d’hier, au delà de la Sambre. Mais déjà la place de Namur, de plus en plus violemment bombardée, devenait incapable de prêter le moindre appui à nos troupes et n’immobilisait même plus les assiégeants. Après une vigoureuse et sanglante offensive, le IIIe et le Xe corps se sont vus dans la nécessité de se retirer. La 5e armée n’a pas été plus heureuse à Charleroi. Elle a subi de violents assauts dans la ville et dans les faubourgs. Hier, en fin de journée, elle a dû reculer de plus de dix kilomètres, au sud de la Sambre.

Ce matin, le général Lanrezac n’en était pas moins décidé à reprendre la marche en avant, telle qu’elle lui a été prescrite. Mais, aujourd’hui même, l’ennemi est entré à Namur, malgré les renforts que le général Franchet d’Esperey venait d’envoyer à la garnison belge ; il a incendié et saccagé la vaillante petite ville de Dinant, où des