Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/252

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jardin peu profond, qui s’étend en largeur devant la façade du bâtiment et qui est limité à droite par la maison du concierge, à gauche par des écuries et des remises. Quelques beaux arbres, marronniers et tilleuls, deux ou trois palmiers en pleine terre ; des pelouses étroites ; des aucubas et autres plantes à feuillage persistant. C’est à peu près tout. La maison est spacieuse et agréable. À droite de l’entrée, une grande pièce, où va désormais siéger le Conseil des ministres. À gauche, deux vastes salons, dont l’un servira de bureau à mes collaborateurs civils et militaires et dont l’autre sera mon cabinet de travail. Nous aurons nos appartements privés au premier étage. On croirait vraiment, à voir notre installation, que nous allons demeurer ici plusieurs mois, nous, les ministres, les administrations, et tous les Parisiens qui nous ont suivis.

Hier, avant de partir, j’avais prié le colonel Pénelon de me télégraphier, du quartier général de Bordeaux, à l’aide d’un des trois signes conventionnels suivants : A. Armée Lanrezac dégagée ; B. Armée Lanrezac accrochée sans danger ; C. Armée Lanrezac accrochée dangereusement. Il me télégraphie d’abord B et j’en préviens aussitôt Millerand. Notre 5e armée n’a donc pas encore réussi à se dégager et je me demande si elle n’aura pas de nouveau souffert dans sa pénible retraite. Mais, vers six heures du soir, nouveau télégramme du colonel Pénelon : A. L’armée Lanrezac s’est donc enfin dégagée. Une des deux conditions posées par Joffre pour l’arrêt de la retraite et pour la reprise de l’offensive générale est remplie. Reste l’autre : que French prête son concours, sans exiger le transfert d’une partie des