Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/259

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Conseil japonais. Celui-ci n’a pas paru surpris et a souri. M. Delcassé est chargé de demander à Londres si le gouvernement anglais persiste dans son incrédulité ou plutôt dans la répugnance qu’il éprouve à appeler en Europe ses alliés asiatiques. M. Clemenceau, qui réclame instamment le concours japonais dans l’Homme libre, ne sait aucun gré de ces démarches au gouvernement dont il a refusé de faire partie et l’accuse passionnément d’inertie.

Millerand communique en détail au Conseil les renseignements militaires que le colonel Pénelon vient de nous apporter, à lui et à moi, avant la séance. La liaison avec les Anglais est étroitement établie. Le colonel Lerond va doubler le colonel Huguet, qui est attaché à l’état-major du maréchal French, et ainsi l’accord se trouvera facilité entre les deux commandements. Le général Joffre reconnaît lui-même volontiers la nécessité, que lui a signalée le ministre de la Guerre, de renseigner plus complètement le commandant en chef de l’armée britannique. En fait, celle-ci n’a pas rétrogradé autant qu’on l’avait craint et elle s’est placée, au nord de Melun, entre Paris et l’aile gauche de nos armées de campagne. À la tête de notre 5e armée, le général Lanrezac, que le général Joffre a trouvé, contre toute attente, fatigué dans ces derniers jours, a été, comme je viens de l’indiquer, remplacé par le général Franchet d’Esperey et mis à la disposition du général Gallieni. Nos armées se retranchent de l’ouest à l’est, sur la ligne tracée dans l’ordre d’hier soir, c’est-à-dire sensiblement au nord de celle qu’avant-hier Joffre croyait encore être forcé d’atteindre.

De son côté, le général Gallieni téléphone de