Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/305

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que rien d’autre ne s’est passé. Personne, du reste, en dehors de lui, ne m’a dit qu’il fût le ministre visé par l’article.

Je reçois d’innombrables félicitations à propos de la bataille de la Marne ; parmi les premières, m’arrivent celles de l’empereur Nicolas Il et du prince Alexandre, régent de Serbie. Je leur réponds en les complimentant, eux aussi, pour les succès de leurs troupes. Mais nous voudrions, de plus en plus, que l’offensive russe fût surtout dirigée contre l’Allemagne. M. Paléologue a fait une nouvelle démarche à l’appui de notre désir. Mais le ministre de la Guerre, ce général Soukhomlinow qui m’a laissé mauvaise impression chaque fois que je l’ai rencontré, a donné à entendre à notre ambassadeur qu’on ne pousserait pas davantage les armées en Prusse orientale, dans la direction de Berlin, et qu’on agirait de préférence en Silésie et en Posnanie. Il a même ajouté : « Pour venir en aide à l’armée française, à la fin d’août, nous avons perdu cent mille hommes à Soldau. » M. Paléologue a dû lui répondre : « Pour venir en aide à l’armée russe, nous aurions fait le même sacrifice. Pourtant, ce n’est pas notre faute si la défaillance d’un de vos commandants de corps d’armée a brusquement découvert le flanc de l’armée russe21. »

M. Denys Cochin, qui a enfin reçu mission d’inspecter les poudreries, est rentré aujourd’hui, satisfait de sa première tournée. Chimiste des plus distingués, il a toute compétence pour exercer le contrôle qui lui est confié.

Marcel Sembat et Briand, revenus de Paris, me rendent successivement compte de leur voyage.