Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/307

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tiendrait au moins quatre ou cinq semaines. Avec Sembat, je suis également allé sur le front ; nous avons visité l’armée Maunoury ; la tenue des troupes est magnifique ; le ravitaillement est admirable ; les champs sont encore jonchés de cadavres allemands. Je me félicite, monsieur le président, que d’accord avec le gouvernement et avec Gallieni, vous ayez insisté auprès du général Joffre pour qu’il renforçât l’armée de Paris. Lc gouverneur militaire a pu faire transporter, par taxis réquisitionnés, les troupes qu’il recevait et les mettre sur le champ de bataille à la disposition de l’armée Maunoury. Ce supplément de forces a certainement contribué au succès final. »

M. Gaston Doumergue, ministre des Colonies, vient à son tour conférer avec moi. Le gouvernement l’a chargé d’aller organiser le ravitaillement dans les départements libérés de Seine-et-Marne, de la Marne, de l’Aisne et de l’Oise. Il m’expose son programme d’action, qui me parait très sagement établi.

C’est enfin Delcassé qui, toujours très inquiet sur le sort de son fils, vient me parler, une fois de plus, de la Turquie et de la Bulgarie. Il me communique, en outre, d’intéressantes dépêches écrites par M. Klobukowski, à la suite d’une conversation avec le baron Beyens, ancien ministre de Belgique à Berlin : « La guerre austro-serbe, lui a dit ce très distingué diplomate, a été un coup monté par l’Allemagne, le brûlot qui devait allumer l’incendie, le point de départ voulu, cherché, d’une action contre la France. L’empereur Guillaume qui, si longtemps, s’est montré très sincèrement ami de la paix, a fini par céder aux assauts que dirigeait contre lui cette camarilla que n’a jamais