Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VII


Une lettre du pape Benoît XV. — Le front le stabilise. — Essais de manœuvre à l’aile gauche. — L’ennemi bombarde la cathédrale de Reims. — Nos canons et nos munitions. — Villes et villages dévastés. — Vaines tentatives d’enveloppement. — La prise de Saint-Mihiel. — Anvers menacé. — Espérances brisées.


Vendredi 18 septembre.

Pendant que la France échappait, dans une bataille sans précédent, à un désastre irréparable, était élu à Rome un nouveau chef spirituel de la chrétienté. Giacomo, marquis de la Chiesa, archevêque de Bologne, était proclamé pape sous le nom de Benoît XV, Il n’avait été fait cardinal que depuis le mois de mai dernier. C’est un aristocrate de naissance et un diplomate de carrière, Il est difficile de prévoir la conduite qu’il tiendra, mais il a choisi comme secrétaire d’État Mgr Ferrata, qui a beaucoup contribué à son élection et dont l’attitude envers nous est jusqu’ici restée favorable. Le cardinal Amette, de retour à Paris, m’a écrit une lettre pleine de noblesse et de dignité : « Paris, le 12 septembre 1914, Monsieur le président de la République, À mon départ de Rome, N. S. P. le pape Benoît XV a daigné me confier le soin de vous faire parvenir la lettre ci-jointe, par laquelle Sa Sainteté vous annonce son élévation au Souverain Pontificat. Votre éloignement