Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/319

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l’aile droite de l’ennemi. Nous allons lutter à qui débordera l’autre. Mais aux ailes comme au centre, nous avons en face de nous des troupes solidement installées. Sur la Marne, me disent les officiers de liaison, les tranchées abandonnées par les Allemands sont, quoique improvisées, admirablement organisées. Assez profondes pour abriter les hommes, elles comportent des pare-éclats de vingt en vingt mètres et des chambres de repos. L’ennemi ne s’est sans doute pas arrêté sur une nouvelle ligne sans qu’elle ait été, d’avance, fortement établie par des troupes restées en arrière des combattants.

L’Angleterre nous avait proposé, il y a quelques jours, de faire des débarquements à Dunkerque pour opérer des diversions dans le nord de la France et en Belgique. Le général Joffre a accepté cette idée. Mais il se demande si les envois de forces britanniques pourront être suffisants pour permettre prochainement cette manœuvre. Bien que les Dominions et les Indes aient tous, avec un remarquable empressement, promis leur concours à la métropole, l’immensité des distances condamne l’Angleterre à attendre assez longtemps une coopération efficace. Les troupes hindoues sont annoncées, mais elles ne doivent arriver à Marseille que dans une dizaine de jours. Les renforts que l’Angleterre elle-même vient de faire passer par Saint-Nazaire ont été déjà envoyés sur le front de l’armée du maréchal French. Il ne reste donc, en ce moment, pour le Nord et pour la Belgique, que les nouveaux contingents que pourra créer et exercer Kitchener.

Voici une nouvelle initiative russe, qui, celle-ci, n’émane pas entièrement de M. Sazonoff et qui,