Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déclarations antérieures. M. Paléologue et sir G. Buchanan ont, d’un commun accord, fait passer à M. Sazonoff une note où ils lui signalent que les alliés s’étant engagés à ne pas conclure de paix séparée, la question posée par le généralissime russe est plus politique que stratégique et relève des trois gouvernements. Les deux ambassadeurs ajoutent spontanément que l’heure est venue pour les alliés de fixer le but final de leurs efforts et que les armées autrichiennes étant mises hors de combat en Galicie, il reste à anéantir les forces de l’Allemagne pour instituer en Europe un état nouveau qui garantisse pendant de longues années la paix du monde5. M. Sazonoff a répondu à sir G. Buchanan et à M. Paléologue6 que le but principal visé par la Russie dans la guerre est également d’instituer en Europe un état qui garantisse pour de longues années la paix du monde et que l’empereur approuve entièrement les idées du grand-duc Nicolas. Delcassé a lu ces télégrammes secrets au Conseil des ministres. MM. Doumergue et Thomson, tous deux en mission dans les départements libérés de l’invasion, n’ont pu prendre part à la délibération qui a suivi cette lecture, non plus que M. Augagneur parti pour les chantiers navals de Saint-Nazaire. Mais tous les ministres présents, M. Malvy comme M. Millerand, M. Sembat comme M. Delcassé, M. Jules Guesde comme M. Ribot, M. Bienvenu-Martin comme M. Briand, M. Fernand David comme M. Sarraut, ont déclaré que le gouvernement de la République ne pouvait s’engager à considérer la guerre comme terminée,