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Mercredi 23 septembre

M. Augagneur, rentré à Bordeaux, apprend au Conseil que trois croiseurs anglais d’un tonnage assez important, mais heureusement d’un type vieilli, ont été coulés à l’entrée de l’Escaut. On ne sait s’ils ont été attaqués par des sous-marins ou touchés par des mines.

Les Hindous vont débarquer ces jours-ci à Marseille. Le gouvernement britannique a demandé, pour leur transport, des trains qui devront s’arrêter trois heures en vue des ablutions et une autre heure pour la cuisson du riz. On nous promet, pour nous rassurer, de ne pas ouvrir les mêmes parenthèses sur le champ de bataille.

Gallieni a écrit à Millerand deux lettres, l’une officielle, l’autre privée, pour réclamer, en vue d’une défense éventuelle de Paris, trois corps d’armée et 72 000 territoriaux de plus. Millerand trouve ces demandes excessives à un moment où aucune menace immédiate ne pèse plus sur Paris et où le front réclame, en avant de la capitale, des forces importantes. Il me paraît de plus en plus nécessaire que nous allions sur place nous rendre compte des choses. Je le répète encore au ministre et je constate avec joie qu’il est rallié à mon idée. Il accepte que nous nous rendions bientôt ensemble au quartier général et aux armées.

M. Bratiano est revenu de Sinaïa, un peu décontenancé. Il ne trouve plus le moment aussi favorable à une action immédiate. Il reste cependant, paraît-il, d’accord avec M. Take Jonesco pour envisager une abdication du roi9.