Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/349

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parfumée. Il donne une impression. confuse de force et de fourberie. Il s’est présenté en compagnie du complaisant et subtil interprète Ben-Ghabrit. Le général Lyautey voudrait qu’Abd-el-Aziz ne revînt pas en ce moment au Maroc, où sa présence pourrait encourager quelques indigènes mécontents. Mais nous aurons du mal à le retenir en France par la persuasion. Il faudra recourir à des arguments plus tangibles.

Dans la soirée, Millerand me téléphone encore : « Situation inchangée. » Le G. Q. G. croyait, ce matin, que le corps allemand qui occupe Saint-Mihiel et qui a débouché sur la rive gauche de la Meuse, à Chauvoncourt, y était fort aventuré et que peut-être même étions-nous à la veille de le cerner. Ce sont, au contraire, les Allemands qui nous attaquent dans ce secteur, comme ils nous attaquent en Woëvre, comme ils nous attaquent dans les faubourgs de Reims. Dc quelle patience ne faut-il pas nous armer ?


Mercredi 30 septembre

Le mois s’achève et nous sommes encore à Bordeaux. Pourquoi ? Personne ne peut me l’expliquer. Il semble que les dossiers ministériels soient devenus ici des immeubles par destination.

M. Klobuko\vski nous télégraphie13 que le secrétaire de la légation des États-Unis à Bruxelles, venu à Anvers par la Hollande, lui a appris l’arrestation de M. Max, le distingué bourgmestre, par les Allemands qui occupent la capitale belge. M. Max a donné des preuves éclatantes et réitérées de dévouement et de courage civique. Le seul reproche