Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/378

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notre IVe corps a malheureusement fléchi devant le XXIe allemand. Castelnau avait envoyé au G. Q. G. un télégramme un peu inquiétant ; mais Joffre lui a donné l’ordre de tenir coûte que coûte et lui a promis des renforts. Dès maintenant, notre XIe corps va contre-attaquer. Le général Foch est sur place. Ailleurs, rien. Sur les Hauts-de-Meuse, nous faisons des progrès très lents. Nos troupes ont été contraintes de bombarder elles-mêmes ma pauvre et chère ville de Saint-Mihiel, où les Allemands se cramponnent…

Dans l’après-midi, je visite avec Viviani un hôpital anglais, somptueusement installé en haut des Champs-Élysées, dans cet hôtel Astoria que des Allemands avaient construit à l’entrée de la rue de Presbourg, en forme de gratte-ciel, malgré les heureuses servitudes qui frappent les immeubles voisins de la place de l’Étoile. L’hôtel est maintenant séquestré et j’espère bien qu’après la guerre on coupera sans merci la tête qu’il dresse insolemment en face de l’Arc de Triomphe étonné. De là, nous nous rendons à un autre hôpital, plus luxueux encore, organisé à Neuilly, par la colonie américaine de Paris, dans les vastes locaux du lycée Pasteur. Je suis reçu par l’aimable M. Myron T. Herrick, tout rayonnant de notre victoire de la Marne et très empressé à m’en féliciter. La foule me reconnaît au passage et me fête comme l’enfant prodigue.

Nous allons ensuite déposer des fleurs sur les tombes des soldats qui sont inhumés au cimetière de Bagneux et nous revenons à l’hôpital du Val-de-Grâce, où je suis rejoint par des représentants parlementaires de la Seine, MM. Denys Cochin, conservateur, Paul Strauss, républicain radical,