Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/384

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était Français avant tout et le gouvernement de la République l’avait trouvé à ses côtés, chaque fois qu’était en jeu l’intérêt national. J’ai voulu assister personnellement aux obsèques religieuses, auxquelles se sont rendus, d’ailleurs, les présidents des deux Chambres et la plupart des ministres. L’inhumation provisoire a eu lieu au cimetière de la Chartreuse, où M. Paul Deschanel a prononcé une très belle oraison funèbre.

Le Conseil des ministres avait été, par suite de cette cérémonie mortuaire, renvoyé à l’après-midi. Nous y avons appris la chute d’Anvers par des télégrammes de Joffre et de M. Klobukowski11. L’ennemi est entré dans la place plus vite qu’on ne pensait. Les forts de l’Escaut tiennent encore. La ville est très gravement endommagée par le bombardement. De nombreux habitants se sont embarqués sur le fleuve à destination de la Hollande et de l’Angleterre ; ils sont partis aux cris répétés de : « Vive la Belgique ! »

Joffre propose au gouvernement que les troupes anglaises, nouvelles et anciennes, qui vont opérer sur la partie restée libre du territoire belge soient maintenues sous le commandement du maréchal French, que les troupes belges demeurent sous les ordres du roi et que les troupes françaises de Belgique et du Nord soient toutes placées sous les ordres du général Foch, qui assurera la liaison avec les armées alliées. Le gouvernement appuie cette triple proposition à Londres et à Ostende. Malheureusement, notre cavalerie a dû se replier sur Béthune pour couvrir les débarquements de l’infanterie anglaise. Voilà donc avortées ou, tout