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Mercredi 28 octobre

Revenus de leur tournée dans l’Est, MM. Briand et Sarraut parlent tous deux très nettement au Conseil de la campagne sourde qui se fait à Paris contre mon éloignement et mon immobilité. Ils m’approuvent de vouloir retourner le plus tôt possible aux armées et ils finissent par convaincre le Conseil que c’est moi qui étais dans le vrai. On arrive enfin à me donner raison et à reconnaître qu’on m’a trop longtemps enchaîné.

Le gouvernement me laisse donc partir ce soir pour Paris, avec M. Marcel Sembat, qui est ravi de m’y accompagner, et avec M. Ribot, qui abandonne l’idée de rester à Bordeaux jusqu’aux derniers jours de novembre. Millerand viendra lui-même me retrouver à Paris et nous irons ensemble à Dunkerque et à Furnes.

Joffre a, il est vrai, encore écrit à Millerand qu’un retour prématuré du gouvernement à Paris pourrait, suivant lui, gêner les opérations militaires. Il ne fait pas d’objection à ce que nous rentrions vers le 20 novembre, mais il voudrait qu’on attendît jusque-là. Non, non, j’ai trop tardé. Je fais prévenir le gouvernement belge et le roi Albert de ma visite prochaine. Nous prenons, en outre, Millerand et moi, rendez-vous à Dunkerque, pour dimanche, avec lord Kitchener. M. Paul Cambon, informé par les soins de Delcassé, organise cette rencontre, à laquelle seront convoqués Joffre et French. Le premier paraît, du reste, avoir renoncé à demander le remplacement du second par Wilson, mesure que nous n’aurions sans doute pas obtenue.

Le G. Q. G. nous téléphone : « L’armée Dubail a réalisé des progrès très sensibles dans le bois Leprêtre, dans le bois d’Ailly, dans la forêt d’Apremont.