Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/423

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anglaise dispose actuellement de 600 coups par pièce, mais l’Angleterre ne fabrique jusqu’ici que 20 000 coups par semaine pour environ 480 pièces. Il désirerait que nous fussions à même de prêter quelques canons à l’armée anglaise. Après étude et d’accord avec Joffre, Millerand promet 300 pièces de 90. Le ministre britannique considère l’offensive allemande, qui se poursuit dans les Flandres, comme formidable et comme devant se développer encore avec de nouveaux moyens d’action. « Je crains, nous avoue-t-il sans détours, que, sous un tel choc, l’armée britannique, encore trop peu nombreuse, ne fléchisse. Nous comptons sur vous pour nous appuyer. » Joffre nous a dit, en effet, que les Anglais viennent de céder un peu de terrain. Ils sont très braves. Mais lorsqu’ils se sont battus deux ou trois jours, ils procèdent à des relèves, dont l’ennemi profite pour redoubler ses attaques. C’est ce dont se plaint également le général Foch, qui est venu, lui aussi, à Dun-kerque pour conférer avec Kitchener et avec nous.

Depuis le 4 octobre, Foch est, comme je l’ai dit, adjoint du général en chef. Le 25 octobre il a transporté son quartier général de Doullens à Cassel. Au moment où il a pris ses nouvelles fonctions, les Allemands cherchaient déjà à nous gagner de vitesse pour arriver les premiers à la mer. Pour les rejoindre et les dépasser, nos troupes remontaient peu à peu vers la Somme et le Pas-de-Calais. Le maréchal French, qui avait exprimé le désir de rapprocher l’armée britannique de ses bases maritimes, concentrait dans la zone d’Hazebrouck et de Saint-Omer des troupes dont il devenait de plus en plus nécessaire de coordonner