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de la Russie et de la Roumanie avec l’Europe occidentale14.

Le colonel Pénelon me dit que la reprise de l’offensive allemande dans les Flandres a été une véritable surprise pour le G. Q. G. On croyait l’ennemi épuisé. Il a ramené dans la région de Dixmude et d’Ypres des renforts considérables. Sous cette puissante pression, notre 32e corps a été décimé et les Anglais sont tombés de plus de 100 000 hommes à 45 000. Ils se reconstituent et, en attendant leurs divisions nouvelles, ils vont encore pouvoir mettre 60 000 hommes en ligne. De notre côté, nous avons envoyé en Belgique 30 bataillons prélevés çà et là sur le front. On pense donc être en mesure de résister. Le général Joffre se félicite de n’avoir pas lui-même pris l’offensive sur l’Yser. Il aurait fallu y user tout le XXe corps et d’autres forces qui ont été et sont encore nécessaires pour la défensive, car nous n’avons plus de réserves disponibles.



14. De Nisch, n° 290.

Samedi 14 novembre

Viviani, revenu des départements de l’Est, qui ne sont, paraît-il, interdits qu’à moi, prolonge son séjour à Paris ; mais, sur la demande de Joffre, il maintient à Bordeaux le siège du gouvernement.

L’activité des Allemands ne se ralentit point. Ils ont prononcé une attaque contre notre tête de pont de Nieuport. Ils ont renouvelé leurs tentatives à l’est et au sud-est d’Ypres. Ils nous ont assaillis de jour et de nuit dans la région de Lassigny et dans celle de l’Aisne jusqu’à Berry-au-Bac. Es ont repris la lutte dans l’Argonne et