Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/459

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Nos attaques sur Chauvoncourt et sur Saint-Mihiel paraissent avoir été néfastes. Nous n’avons pu nous maintenir dans les casernes dont nous nous étions emparés ; nous avons subi des pertes sérieuses. Des mines et des bombes à retardement avaient été dissimulées par l’ennemi dans l’un des bâtiments où nous sommes entrés. L’explosion s’est produite au moment même où nous nous félicitions de notre succès. Beaucoup de nos hommes ont été victimes de cette abominable ruse de guerre19.

Le général Florentin, grand chancelier de la Légion d’honneur, m’a écrit que le conseil de l’ordre s’est préoccupé des nombreuses violations du droit des gens commises par les armées ennemies et des conséquences que ces crimes collectifs doivent avoir pour les légionnaires appartenant à la nationalité allemande : « L’Allemagne, me dit-il, avait adhéré aux conventions internationales qui déterminent les devoirs des belligérants. Elle a méconnu ses obligations et elle a ainsi forfait à l’honneur. Dans cette indignité, son armée, ses écrivains, ses artistes, tous les sujets de l’Empire allemand se sont montrés solidaires. C’est pourquoi il a paru au conseil qu’ils devaient être exclus d’un ordre qui a pour devise le mot même de l’honneur. » Le grand chancelier ajoute qu’il y a lieu, bien entendu, de faire exception pour les Alsaciens-Lorrains, devenus malgré eux sujets allemands. Je donne connaissance de ce vœu au Conseil des ministres. Il décide que la radiation sera prononcée par décret.