Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soutenir, pendant quelques jours, le cas échéant, les assauts de l’ennemi. Pas plus que Gallieni, Sarrail ne croit, du reste, qu’il soit dorénavant possible de défendre une place, soit à l’abri des murs d’enceinte, soit même à l’intérieur des forts. Il faut organiser, avec des travaux de campagne, une vaste région fortifiée. Il n’est pas inquiet pour Verdun. Ses troupes avancent dans la Woëvre, du côté d’Étain et de Fresnes, et il repousse aussi loin que possible nos lignes avancées.

À l’hôpital de Verdun, je vais voir, sur son lit de douleur, M. André Maginot, député de la Meuse, sergent d’infanterie, qui a eu le genou traversé d’une balle, au cours d’une audacieuse reconnaissance, le lendemain du jour où il avait reçu la médaille militaire pour un beau fait d’armes. On espère aujourd’hui qu’il évitera l’amputation de la jambe, mais il n’en recouvrera pas entièrement l’usage. Il supporte très bravement ses souffrances.

La nuit vient. Nous prenons la route de Souilly et arrivons à Bar-le-Duc. J’y fais immédiatement, tant à l’hôpital de la ville basse que dans les locaux de l’école normale de filles, au sommet de la ville haute, une longue visite aux blessés et aux typhiques. Ici comme à Châlons, les soldats atteints de cette épidémie sont nombreux et la mortalité est forte. Si le mal s’étendait, il deviendrait un danger redoutable pour nos armées. Mais les médecins cherchent avec obstination un sérum et ils espèrent le trouver. En passant devant ma maison natale, je me rappelle silencieusement les années d’enfance où j’ai connu les tristesses de la guerre et de l’occupation. Cette fois,