Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/502

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Le colonel Pénelon m’apporte, de la part de Joffre, une note ainsi conçue : « 1° Le général Joffre estime que, depuis l’issue de la bataille des Flandres, Paris est tout à fait hors de danger et que l’armée allemande n’a plus de capacité offensive ; 2° En conséquence, il a transporté son grand quartier général entre la capitale et l’armée ennemie, pour être à proximité de la zone où il prendra l’offensive, quand le moment sera venu ; 3° Dans ces conditions, il ne voit plus que des avantages à retirer Paris de la zone des armées et à n’y laisser que les troupes nécessaires pour l’ordre et la police ; 4° Il ne voit aussi que des avantages à ce que le gouvernement rentre à Paris pour bien affirmer aux yeux de l’Europe que la première partie de la campagne, celle de l’offensive allemande, est terminée ; 5° Avec les divisions retirées de Paris, le général Joffre a l’intention de former un groupement qui serait commandé par le général d’Amade ; 6° La mission confiée au général Gallieni à Paris étant terminée, le général en chef voudrait lui donner le commandement en chef de tous les dépôts et de toutes les formations à organiser dans l’intérieur pour être portées sur le front dès qu’elles seraient instruites et entraînées. » Le général Joffre a donc enfin changé d’avis sur l’opportunité de notre retour à Paris, mais il propose toujours, à l’égard de Gallieni, une solution qui ne paraît guère acceptable. Je donne connaissance de cette note au Conseil des ministres. Millerand persiste à penser que mieux vaudrait ne pas rentrer maintenant à Paris. Quoi qu’on lui dise, il ne se laisse pas convaincre ; ses bureaux ne sont pas, semble-t-il, aisément transportables. Il compte rester à