Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/504

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

réclamer des garanties impossibles contre la Bulgarie23.



21. De Petrograd, nos 1028, 1029.
22. De Niseh, n° 366.
23. D’Athènes, n° 212.


Samedi 5 décembre

De la part de Joffre, le commandant Herbillon insiste, à son tour, auprès de moi pour que soit tranchée sans délai la question de la garnison parisienne et du gouvernement militaire. Il me semble qu’entre les états-majors des deux chefs les rapports tendent malheureusement à s’aigrir. Je répète au commandant ce que j’ai dit au colonel Pénelon : « Il faut que le gouvernement rentre d’abord à Paris, qu’il y reconquière, par sa présence et par son action, une autorité partiellement perdue, qu’il y donne l’impression de la sécurité rétablie. On ne peut auparavant ni enlever à Paris sa garnison, ni priver la ville de celui qu’elle considère comme son sauveur. »

Il est décidé en Conseil que les ministres rentreront, à leur gré, à partir de demain. Briand, devançant cette décision, a déjà repris le chemin de Paris. Je quitterai enfin Bordeaux, en compagnie de Viviani, mardi soir. Millerand viendra nous retrouver à Paris mercredi. Il verra Joffre jeudi à Chantilly. Il réunira Joffre et Gallieni à Paris vendredi à la première heure et nous aurons conseil à l’Élysée vendredi matin.

Le reste de la séance ministérielle ne va pas sans quelques incidents. Viviani ne se contente pas de penser tout haut ; il ne peut s’empêcher d’exprimer les sentiments, et même les sensations qu’il éprouve ; il sent tout haut. Inquiet des nouvelles russes, il cède aujourd’hui à un accès de